Vous êtes sur le site d'Annik Pirlot : Conteuse et diseuse de belles aventures ! Informations sur la Saison de l'année 2024-2025
Au départ, je voulais l'appeler la Caserne de Mélusine... imaginant que les mots étaient de petits soldats qui se battent pour embellir le monde. Puis une amie m'a dit que c'était peut-être un peu trop martial par les temps qui courent... alors le mot Caverne est arrivé, avec ses traces de mains sur les parois... et le feu à inventer.
Je me souviens de mon père qui avait son atelier de menuiserie attenant à la maison. Il y travaillait parfois tard le soir, ou tôt le matin. C'est dans son atelier que j'ai travaillé et répété pendant mes années aux différents conservatoires... et je trouvais que c'était merveilleux de pouvoir pratiquer chaque jour son art et s'entrainer à quelques mètres de sa cuisine !
Depuis longtemps je cherchais un endroit où poser mes mots, écrire, répéter, conter... une sorte de « chambre à soi » (Virginia Woolf), un endroit hors du temps pour la rêveuse solitaire que je suis... et je me suis posé beaucoup de questions au sujet du temps.
Que faire du temps ? Qu'est ce qui est important ? Courir derrière un contrat, un festival, une journée pro, ou repenser une autre façon de vivre avec ce qui me tient debout depuis l'enfance.
Le chemin vient en marchant dit Antonio Machado, c'est en concrétisant petit à petit ce doux rêve qu'il est devenu une réalité... avec ce fil rouge tendu à l'entrée du jardin, et qui vous mène dans la Caverne, comme le fil d'Ariane.
La toute première séance fut une lecture d'un texte de Odilon-Jean Périer, Le passage des Anges... en septembre 2017. Quand le merveilleux se mélange à la réalité... Un texte étonnamment moderne écrit par un jeune poète en 1926.
Un moment surprenant, car lorqu'on a l'habitude de la distance avec le public due à la scène, se retrouver ainsi si près des gens peut être déroutant.
J'étais déroutée. La petite salle à conter a une jauge de 12 personnes, 15 maximum. Derrière ma maison, c'est un beau châlet, monté sur pilotis de béton, qui ressemble un peu à la maison de la Baba Yaga, perchée sur ses pattes de poule.
D'autres veillées ont eu lieu, avec une découverte de problèmes très concrets : chemin qui mène à la Caverne, éclairage, chauffage, publicité, toilettes, trac, thé... arrivée de Paco pendant que je conte...
Et puis deux saisons se sont déroulées avec des histoires de lune, d'étoiles, de vache, et avec La Reine des Neiges d'Andersen, et le Petit Théatre d'Arthur.
Et puis le covid est arrivé. Avec la distanciation sociale, j'aurais pu encore conter devant une seule personne, un chat et quelques araignées ! J'ai rembobiné mon fil rouge, et ai hiberné pendant deux ans. La vie revient, doucement, fragile et incertaine dans un monde de plus en plus dur. J'ai accroché quelques lanternes aux branches de mon arbre, posé quelques livres sur la table pour pouvoir de nouveau dérouler le fil rouge, et retrouver le plaisir simple du partage de mots.